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POÈME LU AU MARIAGE
D’ANDRÉ SALMON
En voyant des drapeaux ce matin je ne me suis pas dit
Voilà les riches vêtements des pauvres
Ni la pudeur démocratique veut me voiler sa douleur
Ni la liberté en honneur fait qu’on imite maintenant
Les feuilles ô liberté végétale ô seule liberté terrestre
Nous nous sommes rencontrés dans un caveau maudit
Au temps de notre jeunesse
Fumant tous deux et mal vêtus attendant l’aube
Les verres tombèrent se brisèrent
Et nous apprîmes à rire
Nous partîmes alors pèlerins de la perdition
Je le revis au bord du fleuve sur lequel flottait Ophélie
Qui blanche flotte encore les nénuphars
Il s’en allait au milieu des Hamlets blafards
Sur la flûte jouant les airs de la folie
En admirant la neige semblable aux femmes nues
Ni parce que nous fumons et buvons comme autrefois
L’amour qui emplit ainsi que la lumière
Tout le solide espace entre les étoiles et les planètes