< Cent Proverbes

H. Fournier Éditeur (p. 362).

ordinaire, ne laisse pas quelquefois d’être gênante… Récapitulons ! Il me faut, ce soir, un homme dévoué pour tenir l’échelle, un alcade aveugle et des serenos[1] discrets. Il me faut encore un asile sûr, où, près d’une femme de bon renom, Rosine puisse attendre le notaire et le prêtre, si par hasard ceux-ci ne se trouvaient pas sous la main. La moindre de ces choses demanderait trois jours de recherches, et j’ai à peine trois heures devant moi ! Je le donne en vingt au plus matois des ambassadeurs… Eh ! mais, qu’est-ce donc que j’aperçois entassé contre la borne ?… Ce manteau brun, ce bâton, cette plaque… Jour de Dieu ! c’est Barcino, le plus adroit corchete[2] de la place San-Francisco… Eh ! Barcino, dors-tu, veilles-tu, maraud ?

BARCINO, se réveillant à demi.

Où va Juanica, la brune,
Lorsqu’elle sort du couvent ?
Elle ne craint pas le vent,
Mais si fait le clair de lune…
Elle ne craint pas le vent,
Mais… si… fait…

(Il se rendort)

Figaro. — Le drôle est plus ivre qu’un frère de la Capacha… Lève-toi, bête brute.

(Il le pousse du pied.)

Barcino. — Jifero[3], je te méprise… va chercher tes puces ailleurs.

(Il se rendort.)

Figaro. — Je ne le réveillerai jamais, et le pauvre diable

  1. Sereno, crieur de nuit.
  2. Corchete, officier de police, inférieur aux alguazils
  3. Jifero, nom de mépris donné aux bouchers.
Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.