< Chefs d’œuvre lyriques (Malherbe)

JE touche de mon pied le bord de l’autre monde ;
L’âge m’ôte le goût, la force et le sommeil ;
Et l’on verra bientôt naître du sein de l’onde
La première clarté de mon dernier soleil.

Muses, je m’en vais dire au fantôme d’Auguste
Que sa rare bonté n’a plus d’imitateurs ;
Et que l’esprit des grands fait gloire d’être injuste
Aux belles passions de vos adorateurs.

Voulez-vous bien traiter ces fameux solitaires
À qui vos déités découvrent leurs mystères ?
Ne leur promettez plus des biens ni des emplois.

On met votre science au rang des choses vaines ;
Et ceux qui veulent plaire aux favoris des rois
Arrachent vos lauriers et troublent vos fontaines.


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