< Choses vues < 1843
Ollendorf (Œuvres complètes. Tome 25p. 79).
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1843


1843.


[DANS LA RUE.]


20 avril 1843.

Tout à l’heure je traversais le Pont-Neuf. Un beau soleil d’avril faisait joyeusement verdoyer les touffes d’arbre des bains Vigier. Les laveuses battaient allègrement leur linge au bord de l’eau. Deux enfants du peuple ont passé près de moi au coin du pont. Deux enfants du peuple, deux pauvres gamins, l’un ayant dix ans peut-être, l’autre sept, gais, frais, souriants, en guenilles, mais pleins de vie et de santé, courant, riant, ayant le loisir devant eux et la joie en eux. Le plus petit s’est penché vers le plus grand et lui a dit : Passons-nous à la morgue ?




28 juillet 1843.

Tout à l’heure un enfant déguenillé passait rue de La Tour-d’Auvergne avec un affreux caniche. L’enfant siffla le chien et l’appela : Hé ! Guizot !

Le chien accourut.

Puis l’enfant continua sa marche en chantant : Guizot, Gui, gui, gui, gui, zo, zo.

Faites-vous donc un grand nom pour que les gamins le jettent aux chiens !

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