bookDans la RueAristide BruantDessins de SteinlenAristide Bruants.d.ParisVVolume IIBruant - Dans la rue, vol2.djvuBruant - Dans la rue, vol2.djvu/9113-119
CONASSE
T’es pas dessalé’ que j’te dis.
T’as trimardé tout’ la soirée
Et te v’là ’cor’ sans un radis.
C’est toujours el’ dix ed’ purée.
Vrai, j’en ai les trip’ à l’envers !
Ça m’fait flasquer d’voir eun’ pétasse
Qui pass’ tous les soirs à travers !
Bon Dieu ! faut-i’ qu’tu soy’s conasse !
Tiens, j’te vas dir’ comment qu’on fait :
C’est pas malin… Tu vas au gonce,
Tu y dis : « T’as eun’ gueul’ qui m’plaît,
Viens-tu chez moi, mon p’tit Alphonse ? »
— I’ dit : « Non. » — Mais c’est du chiquet.
Tu y r’dis : « Viens, mon p’tit Narcisse,
Viens, pour toi ça s’ra qu’larant’quet. »
Et tu l’emmèn’ à la condisse.
Et pis là, tu tap’ au pognon.
Ceux qui s’laiss’ empiler sans s’cousse,
On les appell’ mon p’tit mignon,
On les dégringole à la douce.
Mais les lapins, mais les bécants,
Ceux avec qui qu’ya pas d’affure,
Les emmerdeurs et les croquants,
On les dégringole à la dure :
On leur fait l’coup du culbutant,
On leur fait l’artiche et les poches,
Et quand i’s rouspèt’nt en partant,
Quand i’s font du pet… gare aux broches !
Nous somm’s là !… Et si les bochons
Suffis’nt pas… on a des eustaches
Pour les saigner comm’ des cochons !
À bas les pant’ et mort aux vaches !