< Les Amours de Tristan

Les Amours de TristanP. Billaine, A. Courbé (p. 10).

LA IALOVSIE mal fondée.
SONNET.



TELLE qu'eſtoit Diane alors qu'imprudemment
L'infortuné Chaſſeur la voyoit toute nuë,
Telle dedans vn bain Dorinde s'eſt tenuë,
N'ayant le corps veſtu que d'vn moite Element.

Quelque Dieu dans ces eaux caché ſecretement,
A veu tous les appas dont la belle eſt pourueüe :
Mais s'il n'en auoit eu ſeulement que la veüe
Ie ſerois moins jaloux de ſon contentement.

Le traiſtre, l'inſolent, n'eſtant qu'vne eau verſee,
L'a baiſee en tous lieux, l'a touſiours embraſſee ;
I'enrage de colere à m'en reſſouuenir.

Cependant cét obiect dont ie ſuis idolatre,
Durant tous ces excés n'a fait pour le punir
Que donner à ſon onde vne couleur d'albaſtre.

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