AnonymeThomas Hood

Je me rappelle – I remenber


Je me Rappelle..


  Je me rappelle – oh ! oui je me rappelle
  La maison où je vis le jour,
La petite fenêtre où dardait l’étincelle
Du soleil, m’annonçant la vie et son retour.
Il ne venait alors jamais un brin trop vite,
Le jour qu’il me faisait avait trop vite cours,
Mais maintenant je fais ce souhait illicite :
  Puisse ma nuit durer toujours !

  Je me rappelle – oh ! oui je me rappelle
  Les roses aux douces odeurs,
La violette aussi, la verte citronnelle,
Et ces superbes lis aux magnifiques fleurs !
L’endroit où mon bon frère au jour de sa naissance
Planta le gland d’un chêne, arbre aujourd’hui pourtant !
Les lilas où l’oiseau s’abritait en silence
  Contre un soleil trop éclatant.

  Je me rappelle – oh ! oui je me rappelle
  Et l’escarpolette et ses jeux,
Et je pensais alors que la vive hirondelle
Comme moi humait l’air frais et délicieux :


Car mon esprit alors il volait sur des plumes,
Rien ne pouvait calmer sa fièvre de chaleur,
Las ! il est aujourd’hui tout entouré de brumes
  Et tout alourdi de froideur.

  Je me rappelle – oh ! oui je me rappelle
  Les hauts sapins, noirs, résineux,
Je pensais autrefois que leur cime éternelle
Du fin fond de la terre allait toucher les cieux ;
Je l’avouerai c’était ignorance enfantine,
Mais pour moi ce n’est pas triomphe ébouriffant,
De savoir que le ciel bien moins ne l’avoisine
  Que ne l’avoisinais enfant !


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