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PAROXYSME, redoublement, accès, (Gram. Synonim. Médec.) ces trois mots confondus chez les Grecs, & compris sous le nom générique de παροξυσμὸς ont été distingués dans le langage latin & françois de la Médecine ; ils ont chacun leur signification, leur usage & leur application propres. On les emploie en général pour désigner dans les maladies intermittentes le tems auquel les symptomes reviennent ou augmentent ; mais on a restreint l’usage des mots, paroxysme & accès, aux maladies où l’intermittence est complette, pour exprimer le retour absolu des accidens qui avoient cessé tout-à-fait de se faire sentir ; redoublement se dit des maladies continues dans lesquelles on observe une alternative de bien & de mal ; & on donne proprement ce nom à l’augmentation des symptomes ; c’est en ce sens qu’on dit fievres putrides avec redoublement : le mot latin qui lui répond est exacerbatio. Ces fievres méritent une attention particuliere, & exigent quelques variétés dans le traitement. Voyez Fievre.

Quoique paroxysme & accès appliqués aux maladies intermittentes complettes, paroissent & soient en effet dans la rigueur synonymes, cependant on ne s’en sert pas indistinctement ; il n’y a point de regle qui fixe leur usage particulier, l’habitude & l’oreille en décident : il y a des noms de maladies intermittentes qui semblent souffrir avec peine d’être placés à la suite de l’un ou l’autre de ces mots : l’oreille d’un médecin seroit blessée du son ingrat de ces mots mal acostés : paroxysme de fievre, accès d’hystéricité ; on doit dire, un accès de fievre & un paroxysme d’hystéricité, d’épilepsie, ou encore mieux un paroxysme hystérique épileptique, &c. Le mot accès est un peu plus général ; il s’applique mieux aux différentes maladies ; il est surtout consacré dans les fievres intermittentes ; on le dit aussi de la goutte.

Le retour des paroxysmes, des accès, des redoublemens est périodique ou erratique, c’est-à-dire, il a lieu dans des tems, des jours, des heures fixes & déterminées, ou ne suit aucune espece d’ordre. Voyez Périodique, Fievre.

Il s’est élevé sur le retour des paroxysmes, redoublemens, &c. une grande question qui a long-tems agité les écoles ; le but de ces fameuses discussions étoit de déterminer la cause de ces retours : la décision de ce problème étoit intéressante ; mais quelles ténebres ne falloit-il pas dissiper ? Il est peu de matieres qui soient enveloppées dans une plus profonde obscurité : les médecins les plus sages & les plus éclairés l’ont bien senti ; ils ont sincerement avoué avec l’ingenu Sydenham leur ignorance sur cet article ; rangeant cette question avec un grand nombre d’autres, dont la nature semble nous avoir refusé la connoissance : cet aveu prouve en même tems & la difficulté de l’entreprise, & les lumieres de ces médecins ; que ceux qui pourroient blâmer mon silence, dit fort judicieusement l’Hippocrate anglois, nous expliquent pourquoi un cheval parvient au dernier point d’accroissement a l’âge de sept ans, & l’homme à vingt-un ? Pourquoi telle plante fleurit au mois de Mai, & telle autre au mois de Juin, &c. &c. Les myopes, à qui une vue extrémement courte ne laisse pas même le pouvoir d’atteindre jusqu’aux bornes de leur horison, les imaginent placées à des distances considérables : les demi-savans, dont ils sont l’emblème, trop peu éclairés pour connoître les limites de la sphere de leur connoissance, croient tout découvrir, tout savoir, tout expliquer, rien n’échappe à leur prétendue sagacité, il n’est rien dont ils ne trouvent quelques raisons ; ils en ont cherché sur le fait dont il s’agit dans la théorie scholastique ou boerrhaaviene jamais stérile, jamais en défaut ; ils ont donné leurs explications ; on nous dispensera de les rapporter ici. Voyez Matiere morbifique, Fievre, Méchaniciens, &c. Mais dans une matiere aussi embrouillée, que pouvoit-on attendre d’une théorie si foible, si bornée & si fausse ? Ce qu’on en a eu ; des erreurs & des absurdités, qui ont malheureusement quelquefois influé sur la pratique de leurs auteurs au grand désavantage des malades ; quoique nous ne voulions hasarder aucune explication, nous ne pouvons nous dispenser d’avertir que nous sommes convaincus après plusieurs observations, que les nerfs jouent dans ce cas un très-grand rôle ; mais leur jeu, leur action, leur méchanisme, leur sympathie, encore peu connus, demandent les yeux éclairés d’un observateur attentif. (m)

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