Nouvelle Revue Française (p. 23-24).


La Grosse Dame chante…


Manger le pianiste ? Entrer dans le Pleyel ?
Que va faire la dame énorme ? L’on murmure…
Elle râcle sa gorge et bombe son armure :
La dame va chanter. Un œil fixant le ciel

— L’autre suit le papier, secours artificiel —
Elle chante. Mais quoi ? Le printemps ? La ramure ?
Ses rancœurs d’incomprise et de femme trop mûre ?
Qu’importe ! C’est très beau, très long, substantiel.

La note de la fin monte, s’assied, s’impose.
Le buffet se prépare aux assauts de la pause.
« Après, le concerto ?… — Mais oui, deux clavecins. »

Des applaudissements à la dame bien sage…
Et l’on n’entendra pas le bruit que font les seins
Clapotant dans la vasque immense du corsage.


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