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Le Chat et les Rats (Florian)
Fables de FlorianLouis Fauche-BorelVolume 9 (p. 181-182).


FABLE XI

Le Chat & les Rats


Un angora, que sa maîtresse
Nourrissoit de mets délicats,
Ne faisoit plus la guerre aux rats :
Et les rats, connoissant sa bonté, sa paresse,
Allaient, trottoient partout, & ne se gênoient pas.
Un jour, dans un grenier retiré, solitaire,
Où not/e chat dormoit après un bon festin,
Plusieurs rats viennent dans le grain
Prendre leur repas ordinaire.
L’angora ne bougeoit. Alors mes étourdis
Pensent qu’ils lui font peur ; l’orateur de la troupe
Parle des chats avec mépris.
On applaudit fort, on s’attroupe,
On le proclame général.
Grimpé sur un boisseau qui sert de tribunal :
Braves amis, dit-il, courons à la vengeance.
De ce grain désormais nous devons être las,
Jurons de ne manger désormais que des chats
On les dit excellents, nous en ferons bombance.
À ces mots, partageant son belliqueux transport,
Chaque nouveau guerrier sur l’angora s’élance,
Et réveille le chat qui dort.


Celui-ci, comme on croit, dans sa juste colère,
Couche bientôt sur la poussière
Général, tribuns & soldats.
Il ne s’échappa que deux rats
Qui disoient, en fuyant bien vite à leur tanière :
Il ne faut point pousser à bout
L’ennemi le plus débonnaire ;
On perd ce que l’on tient quand on veut gagner tout.

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