< Le Poème sans nom
IV
Je t’ai fuie, et j’habite, à cette heure, un village
Éloigné de la mer et dont les habitants,
Paisibles et rieurs, entourent mes instants
De cette bonté fruste et saine qui soulage.
Or, quelquefois, parmi les fleurs et le feuillage
Du solitaire enclos où je rêve et j’attends,
Une mouette vient m’annoncer le gros temps
Qui noircit l’horizon de la distante plage.
Et le vol imprévu de cet oiseau marin
Réveille tout à coup mon tenace chagrin ;
Car (mais tu vas trouver cette image risible)
Je me rappelle, alors, qu’en notre intimité,
Une mouette en moi s’abattait, invisible,
M’annonçant le retour de ta méchanceté.
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