< Le Poème sans nom

Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 23).
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X


Donc, mon orgueil était aussi grand que le tien,
Que, parfois, rudement, je déclarais morbide ;
Et le mien, certe, était plus que le tien stupide :
Je le vois, maintenant qu’il n’a plus de soutien…

Et, chez mes paysans, quand j’aperçois un chien
Hargneux que, justement, la marmaille lapide,
D’un traitement pareil je me sens presque avide,
Car, ce traitement-là, je le mérite bien.

Or, apprends par ceci, femme, combien nous sommes,
Nous, les rois de l’intelligence, nous, les hommes,
Irréparablement enfoncés dans nos torts :

Je suis, je te l’ai dit, conscient de ma faute,
Mais n’en éprouve pas de sincère remords ;
Et, malgré ce cœur bas, je marche face haute.

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