< Le Poème sans nom
CXLIII
Si tu n’avais jamais voulu que me chérir ;
Si, porteuse d’une âme exclusivement tendre,
Tu n’avais pris mon cœur qu’afin de le défendre ;
Si tu m’avais aimé sans me faire souffrir ;
Si, jalouse de préserver notre avenir,
Tu ne l’avais sali, trop souvent, de la cendre
D’un passé dans lequel tu voulus redescendre ;
Enfin, si tu m’avais du mien voulu guérir,
Quelle joie aujourd’hui ne serait pas la nôtre !
Nous n’aurions qu’un désir : vivre l’un près de l’autre
Nous n’aurions qu’un objet ; notre mutuel bien.
Sûr, alors, d’un bonheur qu’aucun trait n’envenime.
Je l’aurais savouré sans en écrire rien…
Et tu serais restée encor plus anonyme.
Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.