< Le Poème sans nom

Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 208).
◄  CLXVI
CLXVIII  ►

CLXVII


Ne dis pas non, tu fais souvent la tragédienne
Et veux dramatiser les médiocres amours.
Que de fois, allongée en de sombres atours,
Tu me voulus navrer d’une lugubre antienne !

Oui, me pressant la main faiblement de la tienne,
Que de fois, te disant à tes tous derniers jours,
Tu m’adressas de noirs et suprêmes discours,
Soupirant : « C’est fini. De moi qu’il te souvienne ! »

Et tu semblais fort près d’expirer, en effet !
Un soir, même, ce fut si frappant, si parfait,
Que tout autour de moi me paraissait funèbre…

Mais de cet appareil il ne restait plus rien,
Le lendemain. Et je pensais au vers célèbre :
Les gens que vous tuez se portent assez bien.

Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.