< Le Poème sans nom
CLXXXVI
L’amour, fait pour planer, périt dès qu’il se vautre :
Le nôtre a-t-il plané même un très court moment ?
L’amour prend sa vigueur au plus riche froment :
Nous, nous n’avons nourri le nôtre que d’épeautre.
Et, cependant, mon Dieu ! notre amour, oui, le nôtre,
Que j’espérais si magnifique et si charmant,
En nos cœurs aurait pu durer plus longuement,
Bien que nos cœurs ne fussent purs ni l’un ni l’autre.
Pour qu’il fût assuré de nombreux lendemains,
Moi-même n’y puisai, d’abord, qu’avec des mains
Nettes et ruisselant encore d’une eau claire
Versée en un grès blanc trois fois stérilisé…
Mais, toi, du premier jour, tu l’infectas, ma chère,
Des nuisibles ferments qui l’ont décomposé !
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