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à l'examiner) ; mais de contribuer, par nos discours, ou par nos mines, ou en quelque manière que ce soit, à luy en faire prendre un mauvais, ce seroit non seulement par- ticiper à son pesché, mais en estre cause. C'est pour quoy, ma fille, au nom de Dieu, gardez-vous bien [deY l'exciter à faire ce que vous ne voudriez pas faire vous-mesme. Car si c'estoit à vous à gouverner, vous ne voudriez pas faire une aumosne à la Maison par considération humaine ; pourquoy^ taschez vous à la luy faire faire de cette sorte ? S'il n'est pas disposé à la faire par un bon motif, il vaut beaucoup mieux qu'il n'en fasse point du tout ; peut estre qu'en un autre temps Dieu le touchera : mais quand cela ne seroit pas, il ne faut pas nous en mettre en peine, c'est l'avantage de la Maison. Allez donc encore luy dire qu'il sonde son cœur pour veoir ce qui le porte à faire cette aumosne, qu'il ne fasse rien avec précipitation, et qu'il sera tousjours temps après vostre profession, puis que je ne suis pas aujourd'huy en estât de pouvoir faire ce qu'il faut pour l'accepter; aussy bien vous sçavez qu'on ne parle jamais céans du^ dot d'une fille qu'après sa pro- fession. »
Je m'acquittay fidellement de cette commission, et je luy fis récit de tout ce petit discours* comme il est icy. Ce qui ne le surprit pas tant, à cause qu'il estoit informé depuis long temps de la manière dont on traite ces affai-
��1. Ms. à.
2. « donc tascheriez vous. »
3. Dot est encore fréquemment du masculin au xyii^ siècle. Littré rappelle que cet usage, conforme à l'étymologie, est suivi par Molière dans l'École des Femmes, IV, 2 et dans l'Avare, II, 6, approuvé par Vaugelas et Perrot d'Ablancourt.
4. (c iNIot à mot comme à vous, dont il ne fut pas peu surpris, quoy qu'il fust... »
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