DISCOURS SUR LES PASSIONS DE L'AMOUR
L'homme est né pour penser ^ ; aussi n'est-il pas un moment sans le faire ; mais les pensée pures', qui le rendroient heureux s'il pouvoit tousjours les soutenir, le fatiguent et l'ahbatent. C'est une vie unie à laquelle il ne peut s'accommoder ; il luy faut du remuement et de l'action, c'est à dire qu'il est né- cessaire qu'il soit quelquesfois agité des passions, dont il sent dans son cœur des sources si vifves et si profondes.
Les passions qui sont le^ plus convenables à l'homme, et qui en renferment beaucoup d'autres,
1. Voir ]a page !x 'du manuscrit des Pensées: « L'homme est visi- blement fait pour penser... » (Sect. II, fr. i46.)
2. La terminologie du Discours est toute cartésienne. Cf. la pre- mière définition donnée par Descartes à la fin de ses Réponses aux Secondes Objections : « Par le nom de pensée, je comprens tout ce qui est tellement en nous, que nous en sommes immédiatement connois- sans. Ainsi toutes les opérations de la volonté, de l'entendement, de l'imagination et des sens, sont des pensées. Mais j'ay adiousté immé- diatement, pour exclure les choses qui suivent et dépendent de nos pensées : par exemple le mouvement volontaire a bien, à la vérité, la volonté pour son principe, mais luy-mesme neantmoins n'est pas une pensée. » (^Les Méditations métaphysiques, trad. Clerselier, 1647, AT, t. IX, p. 124.)
3. Nous donnons les variantes que fournit la comparaison des deux copies ; nous désignerons par G le manuscrit étudié par Victor Cou- sin, par G le manuscrit signalé par MM. Gazier et Giraud. Nous avons contrôlé et complété notre collation à l'aide de celle que M. Giraud avait faite avant nous, et dont il nous a fort aimablement communiqué les résultats.
G : les.
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