< Page:Œuvres de Blaise Pascal, III.djvu
Cette page n’a pas encore été corrigée

128 ŒUVRES

faut qu'il trouve un second pour estre heureux. II le cherche ' le plus souvent dans l'égalité de la> condition, à cause que la liberté et que l'occasion de se manifester s'y rencontrent plus aysement. Neant- moins l'on Va quelquesfois ^bien au-dessus, et l'on sent le feu s'agrandir, quoy *que l'on n'ose pas le dire à celle qui l'a causé.

Quand l'on ayme une dame sans égalité de condi- tion, l'ambition peut accompagner le commence- ment de l'amour ; mais en peu de temps il devient le maistre. C'est un tyran qui ne souffre point de compagnon ; il veut estre seul ; il faut que touttes les passions ployent et lui obéissent.

^Une haute amitié remplit bien mieux qu'une commune et égale : le cœur de l'homme est grand, les petittes choses flottent dans sa capacité ; il n'y a que les grandes qui s'y arrestent et qui y demeurent.

L'on escrit souvent des choses que l'on ne prouve qu'en obligeant tout le monde à faire reflection sur soy mesme, et à trouver la vérité dont on parle. C'est en cela que consiste la force des preuves de ce que je dis.

Quand un homme est délicat en quelque endroit

��1. G : bien.

2. G : ira.

3. G : au dessus.

4. G : qu'on.

5. La séparation de l'alinéa n'est pas marquée nettement dans le G (Giraud, Revue latine, 25 janvier 1908). La phrase dans G avait un tout autre aspect, par suite de l'omission du mot grand : « Jne haute amitié remplit bien mieux qu'une commune et égale le cœur de l'homme ; et les petites... »

�� �

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.