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132 ŒUVRES

pour ^ se faire connoistre ; car comme l'on ne peut pas se servir de la parolle, l'on est obligé de se ré- duire à l'éloquence d'action.

Jusques la on a tousjours de la joye, et l'on est dans une assez grande occupation. Ainsy l'on est heu- reux ; car le secret d'entretenir tousjours une pas- sion, c'est de ne pas laisser naistre aucun vuide dans l'esprit, en obligeant de s'appliquer sans cesse à ce qui le touche si agréablement. Mais quand il est dans Testât que je viens de descrire, il n'y peut pas durer long temps, à cause qu'estant seul acteur dans une passion où il en faut nécessairement deux, il est difficile qu'il n'espuise bientost tous les mouvemens dont il est agité.

Quoy que ce soit une mesme passion, il faut de la nouveauté ; l'esprit s'y plaist, et qui sçayt '^ la pro- curer sçayt se faire aymer.

Aprez avoir fait ce chemin, cette plénitude quel- quesfois diminue, et ne recevant point de secours du costé de la source, l'on décline misérablement, et les passions ennemies se saisissent d'un cœur qu'elles <lechirent en mille morceaux. Neantmoins un rayon d'espérance, si bas que l'on soit, relevé aussy haut ^que l'on estoit auparavant. C'est quelques fois un jeu auquel les dames se plaisent ; mais quelques fois en faisant semblant d'avoir compassion, elles l'ont tout de bon. Que l'on est heureux quand cela arrive I

��1. G: le.

2. G : 5e.

3. G : qu'on.

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