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140 ŒUVRES

dence ne fait rien pour s'y maintenir quand on l'a. trouvé.

Il n'y a rien de si embarrassant que d'estre amant et de voir quelque chose en sa faveur sans l'oser croire : l'on est également combattu de l'espérance et de la crainte. Mais enfin, la dernière devient vic- torieuse de l'autre.

Quand on ayme fortement, c'est toujours une nouveauté * de voir la personne aymée ; aprez un moment d'absence, on la trouve de manque dans son cœur. Quellejoye de la retrouver I l'on sent aussy tost une cessation d'inquiétudes. Il faut pourtant que cet amour soit desjà bien avancé ; car quand il est naissant et que l'on n'a fait aucun progrez ; l'on sent bien une cessation d'inquiétudes, mais il en survient d'autres.

Quoy que les maux succèdent ainsy les uns aux autres, on ne laisse pas de souhaitter la présence de sa maistresse par l'espérance de moins souffrir ; ce- pendant quand on la voit, on croit souff*rir plus qu'auparavant. Les maux passez ne frappent plus, les présents touchent, et ^ c'est sur ce qui touche que Ton juge. Un amant dans cet estât n'est-il pas digne de compassion ?

1. G : de voir la personne aimée aprez un moment d'absence, ott la trouve.

2. G : se succèdent.

3. G : omet c'est.

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