moins de force que l’eau ; car la raison de cette difference est que, quand ils sont dans l’eau, ils sont pressez de tous les costez generalement ; au lieu que quand on les presse avec le doigt, ils ne le sont qu’en une seule partie. Or, nous avons montré que cette difference est la cause pour laquelle on les comprime bien visiblement par le bout du doigt qui les touche ; et qu’ils ne le sont pas visiblement par le poids de l’eau, quand mesme il seroit augmenté du centuple : et comme le sentiment est toujours proportionné à la compression, cette mesme difference est la cause pour laquelle ils sentent bien le doigt qui les presse, et non pas le poids de l’eau.
Et ainsi la vraye cause qui fait que les animaux dans l’eau n’en sentent pas le poids, est qu’ils sont pressez également de toutes parts.
Aussi si l’on met un ver dans de la paste, quoiqu’on la pressât entre les mains, on ne pourroit jamais l’écraser, ny seulement le blesser, ny le comprimer ; parce qu’on le presseroit en toutes ses parties : l’experience qui suit le va prouver. Il faut avoir un tuyau de verre, bouché par en bas, à demy plein d’eau, où on jette trois choses ; sçavoir : un petit balon à demy plein d’air, un autre tout plein d’air, et une mouche (car elle vit dans l’eau tiede aussi bien que dans l’air) ; et mettre un Piston dans ce tuyau qui aille jusqu’à l’eau. Il arrivera que, si on presse ce Piston avec telle force qu’on voudra, comme en mettant des poids dessus en grande quan-