364 ŒUVRES
loit de source, une abondance de pensée, une aisance à les rendre et à expliquer les choses les plus abstraites ou les plus embarrassées avec la dernière netteté et la précision la plus exacte, il reçut la plus parfaite éducation des plus grands maistres en ce genre, qui y mirent toute leur affection et tous leurs rares talents. Le duc de Luynes son père qui n'avoit ni moins d'esprit, ni moins de facilité et de justesse à parler et à écrire... ni moins d'application et de sçavoir, s'etoit lié, par le voisinage de Dampierre, avec les solitaires de Port-Royal- des-Ghamps, et après la mort de sa première femme, mère du duc de Ghevreuse, s'y etoit retiré avec eux ; il avoit pris part à leur pénitence et à quelques-uns de leurs ouvrages, et il les pria de prendre soin de l'instruction de son fils... Ges messieurs y mirent tous leurs soins par attachement pour le père, et par celui que leur donna pour leur eleve le fonds de douceur, de sagesse et de talents qu'ils y trouvèrent à cultiver.» Il semble bien qu'il faille voir dans ce jeune duc et pair âgé de treize ans, en 1660, « l'enfant.... dont l'esprit estoit extrê- mement avancé», auquel fait allusion l'avertissement.
Après hésitation, Nicole reporte à neuf ou dix ans avant la date où il les rédige de mémoire, l'époque où ces discours ont été tenus « en divers temps ». Ils seraient de 1660, plutôt peut- être des derniers mois de lôSg. Pascal, très malade en juin 1659, allait un peu mieux vers le milieu d'août ; il se trouvait alors depuis quelques jours « à la campagne » au dire de Garcavi ; le 22 octobre, Nicole était à Vaumurier. Dès le début de 1660, de grandes difficultés s'élevèrent entre Port-Royal et le duc de Luynes, qui voulait se remarier avec sa tante et filleule. Le 19 février, Pascal est à Paris, comme le prouve le fragment en forme de lettre qui se trouve dans le manuscrit des Pensées, f** 19A (cf. Pensées, T. III, p. 261, n.); en mars, les Petites Ecoles sont dispersées, et, peu après, Pascal part pour un long voyage en Auvergne.
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