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SEPTIÈME PROVINCIALE

me dit-il ; et je leus en effet ces mots dans la Theologie mor. de Sanchez 1, I. 3. c. 39. n. 7. « Il est bien

« raisonnable de dire, qu’un homme peut se battre

« en duel pour sauver sa vie, son honneur, ou son

« bien en une quantité considerable, lors qu’il est

« constant qu’on les luy veut ravir injustement, par

« des procez et des chicaneries, et qu’il n’y a que

« ce seul moyen de les conserver. Et Navarrus dit

« fort bien, qu’en cette occasion il est permis d’acccepter,

« et d’offrir le duel, licet acceptare, et offerre

« duellam. Et aussi qu’on peut tuer en cachette son

« ennemy : Et mesme en ces rencontres-là on ne

« doit point user de la voye du duel, si on peut

« tuer en cachette son homme, et sortir par là

« d’affaire. Car par ce moyen on évitera tout ensemble,

« et d’exposer sa vie dans un combat, et de participer

« au peché que nostre ennemy 2 commettroit

« par un duel. »

Voila, mon Pere, luy dis-je, un pieux guet apend: mais quoy que pieux, il demeure tousjours guet apend, puis qu’il est permis de tuer son ennemy en trahison. Vous ay-je dit, repliqua le Pere, qu’on peut tuer en trahison ? Dieu m’en garde. Je vous dis qu’on peut tuer en cachette ; et de là vous concluez, qu’on peut tuer en trahison, comme si c’estoit la mesme chose. Aprenez d’Escobar, tr. 6. Exa.4. n. 26 3 ce que c’est que tuer en trahison, et puis

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1. W. apud Sanclium. in Sum. — Cf. ce texte de Sanchez, supra p.69 sq.

2. P. [commettoit, faute d’impression manifeste.

3. Cf. ce texte d’Escobar et le suivant, sapra p. 19 sq. et p. 77.

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