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== ONZIÈME PROVINCIALE. — INTRODUCTION 287 ==

paresse desguisée sous le faux lustre d’une vaine contemplation, et d’une absolue remise à la providence de Dieu, qui nourrit les oiseaux de la campagne (de opere Monach. c. 31. et c. 23.)... [p. 314].

Nous voyons aussi, que S. Bernard, quoy que si religieux et si serieux, ayant une beauté d’esprit admirable, non seulement use de quelques railleries, mais ce qui est bien plus extraordinaire, se sert mesme des termes de l’Escriture pour les exprimer : comme lors que pour détourner le Pape Eugene de se rendre juge des procez qui estoient en grand nombre dans sa Cour, il luy dit (de consider. lib. I. c. 3.): Dies diei eructat lites, et nox nocti indlcat malitiam. Et que parlant de l’election du mesme Eugene son religieux, à ceux qui l’avoient élevé au Souverain Pontificat, il dit elegamment (ep. 236.) : Quasi descenderet de Jerusalem, et non magis ascenderet de Jericho, sic incidit in latrones... [p. 314].

.... C’est ainsi que S. Irenée l’un des ornemens de nostre France raille les Gnostiques en quelques endroits, et que S. Hierosme raille Vigilance, Jovinien et les Pelagiens en plusieurs. Il seroit aisé, Monsieur, d’en rapporter les passages, qui suffiroient seuls pour la justification de ce fait [p. 313 sq.]. Mais pour oster tout sujet de croire, que cette conduitte ait esté particuliere à ces deux Saints, il faut que je vous rapporte icy un excellent passage de Tertullien, qui est d’autant moins suspect et d’autant plus estimable en cette matiere, que ça esté l’un des plus graves et des plus serieux esprits de l’antiquité, et mesme rude et severe jusques à l’excés. Vous verrez, Monsieur, avec quelle sublimité de raisonnement il justifie cette conduite, qu’il avoit suivie dans son livre pour la foy catholique contre les Valentiniens, et l’establit comme une regle generale des docteurs et des escrivains ecclesiastiques...

VI. Excellent passage de Tertullien sur ce sujet.

Ce que je m’en vas faire, dit-il, n’est qu’un jeu et une escarmouche avant un juste combat. Je me contenteray de les effleurer et de leur monstrer plustost les blessures qu’on leur peut faire,

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