est superflu ; le christianisme est nié. Se servant pour connaître des mêmes moyens que les philosophes païens, les Pélagiens sont redevenus païens : « De même qu’elle est la mère des hérésies, la philosophie, appliquée à la définition des mystères divins, est la mère des erreurs. » La vérité religieuse n’est pas accessible à la raison humaine, parce qu’elle vient de Dieu, non de l’homme. Elle se compose de faits ; or, ces faits nous ne pouvons ni les inventer ni les deviner ; ils ont été révélés, et il ne s’agit que de les connaître, tels qu’ils ont été révélés, dans leur pureté et leur intégrité ; pour cela, il faut en avoir fidè lement conservé la mémoire. La théologie est une science historique ; Jansénius se propose de raconter une histoire, dont il emprunte les traits à saint Augustin, « le premier des Docteurs, le premier des Pères, le premier des Écri vains ecclésiastiques après les Docteurs canoniques, Père des Pères, Docteur des Docteurs, subtil, solide, irréfra gable, angélique, séraphique, très excellent, et inefla blement admirable ». Les versets de l’Écriture, eux mêmes, ne figurent dans Jansénius qu’accompagnés des commentaires de saint Augustin ; cette unité de source donne à VAugustinus une cohésion et une solidité qui en rendent la lecture encore aujourd’hui facile et attachante. Si, à la différence des ouvrages scolastiques, il soutient l’attention, c’est qu’il révèle dans le seul choix des cita tions le travail d’un penseur qui s’est identifié à son guide, qui a vécu de son esprit, qui a refait pour son compte la synthèse de sa doctrine. La doctrine augus tinienne, telle que Jansénius la restitue, consiste essen tiellement dans l’histoire de l’humanité, dans la succession des quatre états qu’elle a été destinée à traverser : i° avant la loi ; 2° après la loi ; 3° l’état de grâce ; 4° l’état de gloire. i° Le premier homme a été créé dans un état d’har