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avec le corps, qui avait dans la vie du monde renouvelé la déchéance du péché originel, prélude, dans la disci pline de l’Église, au renouvellement qui sera l’œuvre de la rédemption. Déjà, la contrainte que l’on impose à l’égoïsme naturel laisse le champ libre à des sentiments qui ne sont plus exclusivement l’amour, couvert ou déguisé, du moi pour le moi. L’homme connaît dans leur réalité les vertus dont l’honnêteté la plus raffinée donnait la seule apparence : le désintéressement, la sincérité, la fidélité, la vérité de l’amitié ; il est juste, et il veut l’ordre de la jus tice.

Après la règle des partis qui montre qu’on doit « tra vailler pour l’incertain », sacrifier sa vie pour une religion même incertaine, qui confirme les opinions du peuple contre les maximes des prétendus habiles, le raisonne ment n’a plus rien à nous apprendre ; le problème de la vérité s’efface devant le problème moral, qui est pour Pascal le problème de la justice.

LA JUSTICE

Pascal a posé le problème religieux comme étant dans son essence un problème moral. Les attaques qu’il a diri gées contre la justice des hommes, et dont les Arnauld et les Nicole ont été les premiers à méconnaître le carac tère, n’auraient pas cette âpre ironie, si Pascal n’avait pas connu dans toute sa profondeur le sentiment de la justice, s’il n’avait pas vu quelles angoisses il soulevait dans les âmes. Le libertin à qui s’adresse Y Apologie, ce n’est pas seulement Des Barreaux qui ne peut aller à la foi parce qu’il ne peut pas quitter le plaisir ; c’est un Méré ou un Miton qui repoussent la religion, parce

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