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témoins involontaires delavérité de l’Evangile, etla croyance des chrétiens pour qui Jésus a accompli dans le temps annoncé exactement ce qui avait été annoncé : « Les pro phéties citées dans l’Evangile, vous croyez qu’elles sont rapportées pour vous faire croire ? Non, c’est pour vous éloigner de croire 1. » L’incrédule tire vanité des objections que le raisonnement oppose à l’interprétation chrétienne de la Bible ; en réalité rien ne devrait l’épouvanter comme cette révolte de la raison contre l’autorité de la parole révélée ; n’est-ce pas le signe que l’on est exclu et réprouvé ? Au contraire, pour ceux qui lisent avec la véritable incli nation du cœur, pour les élus, « tout tourne au bien, jusqu’aux obscurités de l’Ecriture 2 » ; toute leur pensée est orientée vers l’amour exclusif de Dieu, tout devient une occasion de le retrouver derrière les images sensibles et matérielles qui plaisaient aux Juifs « La charité, dit Pascal, n’est pas un précepte figuratif 3 » ; elle n’est pas à interpréter, mais elle est au contraire la clé de l’interpré tation, la vérité absolue qui discerne le sens et mesure la portée de tout le reste. Aussi on a compris que Jésus est le Messie, dès qu’on a compris qu’il devait renverser toutes les idées du vulgaire sur le Messie. Les Ju.’fs charnels attendaient le Roi de la terre, dispensateur de richesses et de joies sensibles ; fatalement ils devaient méconnaître, blasphémer, tuer celui qui, humble, ignoré de tous, venait « dans un avènement de douceur » inaugurer le règne de la bassesse et de la charité. « Chacun trouve ce qu’il a dans le fond de son cœur 4. » Déjà il faut être saint pour comprendre la sainteté.

i. Fr. 568.

2. Fr. 570.

3. Fr. 6t>5. kFr. C^G.

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