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Jésus ont su entendre la parole sainte qui venait à eux, quelle joie et quel tremblement à sentir qu’au plus pro fond d’eux-mêmes, au delà de la partie humaine de leur être, habite le Dieu qui s’est fait homme et qui a mérité la grâce du Père pour la créature de péché ! Sur les ruines des plaisirs humains et des affections naturelles, au terme de la renonciation totale, fleurit enfin la douceur d’un amour ineffable : « joie, joie, joie, pleurs de joie. » Les larmes que Pascal a versées dans la nuit d’extase et devant le feu de la certitude intérieure se renouvellent au miracle de la Sainte Epine ; dans un « éclair » s’est manifesté le Dieu vivant, qui a discerné ses vrais adorateurs et les a marqués du sceau des élus. Pascal répète la parole de saint Augustin : « Je ne serais pas chrétien sans les mira cles 1. »

Les Pensées sont nées du miracle ; c’est de lui qu’elles reçoivent l’unité de leur inspiration en même temps que l’espoir de leur efficacité. Les Pensées sont un hymme de reconnaissance, et une prière ardente pour le salut des hommes : « Sur le miracle. — Gomme Dieu n’a pas rendu de famille plus heureuse, qu’il fasse aussi qu’il n’en trouve point de plus reconnaissante 2. » Elles débor dent de bonheur : « Nul n’est heureux comme un vrai chrétien 3 ». L’excès d’un tel bonheur serait même à redouter, si on devait le sentir à la façon des hommes, en faisant retour sur soi pour s’en attribuer la causalité. Plus l’œuvre est sainte devant Dieu, plus elle deviendrait mortelle, si elle nous induisait à nous en attribuer l’ini-


1. Fr. 812.

2. Fr. 856.

3. Fr. 54 1.

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