catholique romaine — contre les hérétiques et les sclns matiques. » En changeant le titre de la troisième vérité pour faire porter tout l’effort des catholiques non plus contre les protestants, comme au xvi e siècle, mais contre les Nouveaux Pélagiens et les Jésuites, ces Trois Vérités sont précisément celles dont la démonstration devait remplir l’Apologie pascalienne. Bien plus, à ces Trois Vérités, Charron donne la base qui convient en les ap puyant sur la science de l’homme. Les trois livres de la Sagesse forment un traité de psychologie et de morale. La morale est empruntée aux Stoïciens, et en particulier, comme le déclare formellement Charron, aux exposés du chancelier de du Vair qui avaient joué un rôle considé rable dans la première éducation littéraire et philoso phique de Pascal. La psychologie est surtout tirée de Montaigne, non dans son esprit seulement, mais dans la lettre même : avec autant de candeur que de gaucherie, Charron encastre dans le tissu généralement lourd et terne de ses déductions abstraites les phrases pimpantes et lumineuses des Essais ; les anecdotes et les saillies pro fondes de Montaigne sont distribuées dans un ordre didac tique, elles se déroulent en séries régulières sous des titres que Pascal avait notés, avec le dessein de les reprendre : Vanité, Faiblesse, Inconstance, Misère, Présomption.
Seulement cette encyclopédie qui semble contenir à l’avance toutes les matières des Pensées est encore un bloc informe : il lui manque non pas seulement d’être animée par le souffle du génie, mais de vivre au sens organique du mot. Nulle part on n’aperçoit le lien qui rejoint les parties, et les fait converger vers un but com mun de façon à constituer un organisme véritable. Quand Charron aperçoit enfin la difficulté, c’est pour s’en tirer par une défaite charmante qui est aux yeux de Pascal un