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LE COLLAGE

conduisaient à l’entrée que fermait une toile tendue ; il lut ceci en grosses lettres : « Venez tous voir Irka ! Irka !! Irka !!! » Qu’était-ce donc que cette Irka, qui se montrait ainsi, comme une bête curieuse ? Quelque malheureuse, exhibant ses formes, laissant palper ses mollets, pour gagner du pain ? Attristé par la dégradation d’autrui, écœuré, Jacques hâtait le pas. Un peu plus loin, également adossée au monument, se tenait une « Buvette nationale ».

Une société d’environ quinze personnes buvait du champagne, autour de trois tables réunies en une. Au fond, sous la vaste tente, à côté du comptoir, les huit ou dix garçons, qui avaient servi des clients toute la nuit, étaient enfin en train de déjeuner.

Jacques, à jeun depuis la veille, s’assit à une autre table, appela avec un pyrophore. Ailleurs, rien n’était ouvert, vu l’heure matinale. Les « prix des consommations », lus sur une pancarte, ne lui avaient point paru exagérés. Il commanda du fromage, du pain et un demi-setier.

La société de quinze personnes, attablée plus loin, faisait un tel vacarme que, malgré lui, tout en dévorant, l’attention de Jacques se portait sur ces gens-là. Leurs allures étaient étranges, suspectes.

D’abord, il regarda de travers trois jeunes gens presque imberbes, drôlement vêtus, avec de

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