dire. Ne me demandez plus rien. Ce serait inutile.
Il la regarda d’un regard cruel qu’elle ne lui connaissait pas.
— Oh ! ne me dites pas son nom. Je n’aurai pas de peine à le trouver.
Elle se taisait, attristée pour lui, inquiète pour un autre, pleine d’angoisses et d’alarmes, et pourtant sans regrets, sans amertume, sans affliction, ayant son âme ailleurs.
Il eut comme un vague sentiment de ce qui se passait en elle. Dans sa colère de la voir si douce et si sereine, de la trouver belle autrement qu’il ne l’avait eue, et belle pour un autre, il eut envie de la tuer, et lui cria :
— Va-t’en ! va-t’en !
Puis, accablé par cet effort de haine qui ne lui était pas naturel, il se prit la tête dans les mains et se mit à sangloter.
Cette douleur la toucha, lui rendit l’espoir de le calmer, d’adoucir les adieux. Elle se fit l’illusion qu’elle pouvait peut-être le consoler d’elle. Amicale et confiante, elle vint s’asseoir près de lui.
— Mon ami, blâmez-moi. Je suis blâmable, et plus encore pitoyable. Méprisez-moi, si vous voulez et si l’on peut mépriser une malheureuse créature qui est le jouet de la vie. Enfin, jugez-moi comme vous voudrez. Mais gardez-moi un