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saltimbanques, écrasé par une voiture, arrêté devant quelque boutique dans une rafle de filous ou, pour le moins, perdu dans des rues lointaines. On m’avait cherché chez madame Caumont, chez les dames Laroque, chez madame Letord, la marchande d’estampes, et jusque chez M. Clérot le géographe, où m’attirait quelquefois le désir de contempler sur une sphère la figure de ce monde où je croyais tenir une place considérable. On parlait, quand je sonnai à la porte, d’aller à la préfecture et d’y demander qu’on fît des recherches. Ma mère m’examina attentivement, me toucha le front qui était

moite, passa la main dans mes cheveux emmêlés et pleins de toiles d’araignées, et me demanda :

— D’où viens-tu, fait comme tu es, sans chapeau, ton pantalon déchiré au genou ?

Je contai mon aventure et comment j’avais suivi Simon de Nantua à la recherche du papegai.

Elle s’écria :

— Je n’aurais jamais cru monsieur Debas capable d’emmener cet enfant toute une après-midi, sans m’en demander la permission et sans avertir personne.

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