clients du docteur. Tendus de papier vert à ramages, les murs portaient deux gravures : la Danse des Heures et le Songe de Napoléon, ainsi que deux toiles crevées en maint endroit, deux portraits de famille, un grand-oncle à moi très brun, avec son col d’habit très montant, sa cravate blanche qui lui cachait le menton et des boutons de chemise à chaînette d’or ; une grand’tante coiffée en coques et sévèrement enfermée, quant au buste, dans une robe noire, représentés tous deux, m’a-t-on dit, sous le règne de Charles X, peu de temps avant leur fin prématurée, figures du passé qui m’inspiraient une tristesse profonde. Mais ce qui faisait la principale richesse de ce salon, c’étaient les statuettes de bronze offertes par des malades guéris et reconnaissants. Chacune de ces œuvres d’art témoignait de l’âme du donateur. Il y en avait de gracieuses, il y en avait d’austères. Elles ne s’accordaient ensemble ni par la taille, ni par le caractère. D’un côté de la porte, une Vénus de Milo, réduite et coulée dans un métal chocolat, s’élevait sur une petite table façon Boulle. De l’autre côté, une Flore en bronze de commerce répandait en souriant des fleurs de zinc doré. Entre deux fenêtres