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sorte que cette copie ne ressemblait pas à l’original. Quand on lui en faisait l’observation, Jacobus Dubroquens répondait en souriant :

« Mon Dieu ! c’est bien simple ! Rubens saute haut comme cela (et il mettait la main au niveau de son genou), et moi je saute haut comme cela », (et il élevait le bras au-dessus de sa tête).

À la Sirène près, il n’était l’auteur d’aucun tableau. Cette particularité, assez remarquable dans la vie d’un peintre, ne l’inquiétait nullement.

« Mes tableaux, disait-il en se frappant le front, ils sont là ! »

Il avait là, en effet, sous son feutre à la Rubens, deux ou trois conceptions peu communes d’apothéoses, dans lesquelles il mêlait toujours Anaxagore, le Bouddah, Zoroastre, Jésus-Christ, Giordano Bruno et Barbès.

Que de fois, tout jeune, en ce temps déjà lointain, je préférai à l’École et au cours de M. Demangeat l’atelier poudreux des deux amis et les théories esthétiques de Jacobus Dubroquens !

Sa belle voix chaude d’orateur de clubs dominait les grincements des scies des marbriers, les piaillements des moineaux et les cris des

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