< Page:Anatole France - Pierre Nozière.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

crains pas de me charger de marchandises. Il faut beaucoup acheter si l’on veut beaucoup vendre. Je suis hardi, tel que vous me voyez, et je ne crains pas les risques du commerce… Vous n’avez pas meilleur client que moi », ajouta-t-il avec un bon rire.

Et, aussitôt, il prit un air attristé et soupira d’un ton plaintif :

« Vous me ferez bien une petite réduction. Vous tenez vos prix trop haut. Les temps sont durs. Il y a de l’argent en France, mais il se cache. La sécurité manque. Faites-moi ma petite réduction.

— J’ai le regret de ne pouvoir vous accorder ce que vous me demandez, monsieur, répondit Onésime avec une politesse glaciale.

— Vous ne pouvez me faire cinq du cent en sus de la remise ordinaire ? Vous plaisantez !

— Non, monsieur, je ne plaisante pas.

— Votre papa, lui, me la ferait tout de suite, ma petite réduction. Il m’accorde toutes les remises que je lui demande. Il ne refuse rien à son vieil ami Peignot. Voilà un brave homme, le papa Dupont !

— Brisons là, monsieur, dit Onésime en se levant. Après ce que vous venez de me dire, je

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.