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piste et de

lecteur offre de grandes ressources contre les mauvaises pensées. Frère Paphnuce, que ne mets-tu par écrit les enseignements de Paul et d’Antoine, nos pères ? Peu à peu tu retrouveras dans ces pieux travaux la paix de l’âme et des sens ; la solitude redeviendra aimable à ton cœur et bientôt tu seras en état de reprendre les travaux ascétiques que tu pratiquais autrefois et que ton voyage a interrompus. Mais il ne faut pas attendre un grand bien d’une pénitence excessive. Du temps qu’il était parmi nous, notre père Antoine avait coutume de dire : « L’excès du jeûne produit la faiblesse et la faiblesse engendre l’inertie. Il est des moines qui ruinent leur corps par des abstinences indiscrètement prolongées. On peut dire de ceux-ci qu’ils se plongent le poignard dans le sein et qu’ils se livrent inanimés au pouvoir du démon. » Ainsi parlait le saint homme Antoine ; je ne suis qu’un ignorant, mais avec la grâce de Dieu, j’ai retenu les propos de notre père.

Paphnuce rendit grâces à Palémon et promit de méditer ses conseils. Ayant franchi la barrière de roseaux qui fermait le petit jardin, il

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