< Page:Anatole France - Thaïs.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la nature de Dieu. Je leur

répondrai par la bouche de l’apôtre Jean : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu. » C’est ce que je crois fermement, et si ce que je crois est absurde, je le crois plus fermement encore ; et, pour mieux dire, il faut que ce soit absurde. Sans cela, je ne le croirais pas, je le saurais. Or, ce que l’on sait ne donne point la vie, et c’est la foi seule qui sauve.

Il exposait au soleil et à la rosée les fibres détachées, et chaque matin, il prenait soin de les retourner pour les empêcher de pourrir, et il se réjouissait de sentir renaître en lui la simplicité de l’enfance. Quand il eut tissé sa corde, il coupa des roseaux pour en faire des nattes et des corbeilles. La chambre sépulcrale ressemblait à l’atelier d’un vannier et Paphnuce y passait aisément du travail à la prière. Pourtant Dieu ne lui était pas favorable, car une nuit il fut réveillé par une voix qui le glaça d’horreur ; il avait deviné que c’était celle du mort.

La voix faisait entendre un appel rapide, un chuchotement léger :

— Hélène ! Hélène ! viens te baigner avec moi ! viens vite !

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.