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qu’il venait chercher. De son bras blanc, elle retenait au-dessus de sa tête la lourde toile. Immobile, semblable à une belle statue, mais promenant autour d’elle le paisible regard de ses yeux de violette, douce et fière, elle donnait à tous le frisson tragique de la beauté.

Un murmure de louange s’éleva et Paphnuce l’âme agitée, contenant son cœur avec ses mains, soupira :

— Pourquoi donc, ô mon Dieu, donnes-tu ce pouvoir à une de tes créatures ?

Dorion, plus paisible, disait :

— Certes, les atomes qui s’associent pour composer cette femme présentent une combinaison agréable à l’oeil. Ce n’est qu’un jeu de la nature et ces atomes ne savent ce qu’ils font. Ils se sépareront un jour avec la même indifférence qu’ils se sont unis. Où sont maintenant les atomes qui formèrent Laïs ou Cléopâtre ? Je n’en disconviens pas : les femmes sont quelquefois belles, mais elles sont soumises à de fâcheuses disgrâces et à des incommodités dégoûtantes. C’est à quoi songent les esprits méditatifs, tandis que le vulgaire des hommes n’y fait point attention. Et les femmes ins-

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