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LE GOUVERNEUR

signée « un ouvrier ». Excepté cette signature,

rien ne dénotait l’homme voué au travail manuel, peu cultivé et pitoyable, tel que le gouverneur se représentait les prolétaires.

« Dans les fabriques et en ville, on dit que vous serez bientôt tué.

« Je ne sais pas avec certitude qui se chargera de le faire ; mais je ne crois pas que ce soit un membre d’une organisation politique quelconque ; ce sera plutôt un citoyen profondément écœuré de votre terrible répression du 17 août. J’avoue franchement que quelques-uns de mes camarades et moi, nous sommes opposés à cette décision, non pas que j’aie pitié de vous — car vous non plus n’avez pas eu pitié des femmes et des enfants et je crois que personne en ville ne vous plaint — mais simplement parce qu’en principe, je suis opposé à l’assassinat, comme à la guerre, à la peine de mort, à l’assassinat politique, et en général à tous les crimes. En luttant pour leur idéal qui est « liberté », « égalité », « fraternité », les citoyens doivent employer des moyens qui ne contredisent pas leur devise. Mais tuer, c’est se servir du procédé habituel des gens

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