< Page:Andreïev - Nouvelles, 1908.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
304
NOUVELLES

ces bouleaux blancs ne peuvent oublier les yeux

mouillés de larmes qui ont cherché le ciel entre leurs branches verdoyantes et que ce sont des soupirs profonds et non le vent, qui agitent l’air et le frais feuillage.

Vous aussi, vous errez songeur dans le cimetière. Votre oreille perçoit les faibles échos des sanglots et des gémissements, vos yeux s’arrêtent sur la somptuosité de certains monuments, sur les modestes croix de bois et les tombes muettes et inconnues de gens qui ont passé toute leur vie muets, inconnus et inaperçus. Vous lisez les inscriptions, et tous ces êtres disparus revivent dans votre imagination. Vous les voyez jeunes, aimants, joyeux, vous les voyez alertes, loquaces, insolemment assurés de l’éternité de la vie.

Et ils sont morts, tous ces êtres.

Mais est-il nécessaire de sortir de chez soi pour errer dans un cimetière ? Ne suffit-il pas

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.