< Page:Apollinaire - Le Poète assassiné, 1916.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

III

Gestation

Macarée s’aperçut bientôt qu’elle avait conçu de Viersélin Tigoboth.

« C’est ennuyeux, pensa-t-elle d’abord, mais la médecine a fait beaucoup de progrès. Je me débarrasserai quand je voudrai. Ah ! ce Wallon ! Il aura travaillé en vain. Macarée peut-elle élever le fils d’un chemineau ? Non, non, je condamne à mort cet embryon. Je ne veux même pas conserver dans l’esprit de vin ce fœtus de mauvaise famille. Et toi, mon ventre, si tu savais comme je t’aime depuis que je connais ta bonté. Quoi ? tu acceptes de porter les fardeaux que tu trouves sur ta route ? ventre trop innocent, tu es indigne de mon âme égoïste.

« Que dis-je, ô mon ventre ? tu es cruel, tu sépares les enfants de leurs pères. Non ! je ne t’aime plus. Tu n’es qu’un sac plein, à cette heure, ô mon

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.