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LE ROI-LUNE

appareil phonétique ne permette à l’inventeur

s’il veut livrer son secret au public, au lieu de le faire servir uniquement à l’amusement de quelques débauchés souterrains, ne permette, dis-je, de donner l’apparence complète du passé en ses fragments découverts et qu’il n’y ait bientôt des explorateurs des temps révolus comme il y a encore et pour peu de temps, des explorateurs de terres inconnues. Tel de ces explorateurs s’acharnera à reconstituer, rouleau par rouleau, la vie de Napoléon. Des journaux publieront des informations comme celle-ci : « M. X…, explorateur du temps, vient, par un heureux hasard, de découvrir le poète Villon dont la vie est encore si mal connue, et cylindre à cylindre il ne le lâche pas d’une semelle. »

Mais n’anticipons point. Tout cela est encore du domaine de l’utopie, tandis que le corps que je pressais dans mes bras me paraissait si fort à mon goût que j’en usais largement sans qu’il s’en doutât.

C’était une femme brune et voluptueuse, à peau blanche où des veines délicates paraissaient en si grand nombre qu’elle semblait bleue, de l’adorable bleu marin où se condensa l’écume que fut le

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