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eût voulu abuser de nos mystères. « Que voulez-vous, me disait-il ? Je cherchais à me cacher, et je croyais ce moyen le plus sûr de tous. Si j’avais été dans un pays libre, je

ne me serais point porté à cette extrémité. Ce sont les cruautés de l’inquisition qui m’y réduisirent ; elle avait fait brûler mon grand-père et mon oncle ; mon père ne s’était sauvé de leurs mains que par la fuite. Ils m’avaient pris âgé de huit ans et m’avaient baptisé sans savoir ce que je faisais. »

« Parvenu à un certain âge, je voulus examiner la religion qu’on m’avait fait prendre. J’y trouvai des choses qui me parurent absurdes ; je ne me donnai pas la peine d’examiner les autres, que je savais ne différer que dans certains points. C’est ainsi que je retournai à la religion de mes pères, la plus ancienne, la plus simple et la plus raisonnable selon moi. »

J’avais aussi des conversations fréquentes avec un Arménien, homme d’esprit, grand spinosiste, qui avait beaucoup voyagé, et principalement en Hollande, où il avait demeuré fort long-temps. Quoiqu’il y eût à profiter pour bien des choses avec lui, j’étais pourtant d’un système fort opposé au sien. J’ai toujours cru qu’il faut se refuser aux notions les plus claires,

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