< Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LETTRE XI.



Mille gens en France regardent les Turcs comme une nation barbare, à qui le ciel n’a donné que les idées les plus communes et les plus grossières. On revient bien, de ce préjugé pour peu qu’on les ait fréquentés. Quand je vous parle des Turcs, ce sont des levantins, ou sujets du Grand-Seigneur, des Arabes et des Persans. Je ne comprends point cette foule de voleurs et de bandits ; ramas et excrément de toutes les nations, établis sur la côte d’Afrique.

Pendant six ou sept mois que j’ai demeuré à Constantinople, j’ai étudié avec un soin infini les mœurs et les coutumes des habitans. J’ai reconnu dans tous les musulmans beaucoup de bon sens, de probité et de candeur. Les banqueroutes si fréquentes en France sont presque inconnues dans le levant. La bonne foi y sert de notaire. On y ignore les

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.