On trinque assis derrière un paravent,
Je suis vivant, bien vivant, très-vivant !
De beaux esprits s’annoncent-ils d’abord,
Priez pour moi : je suis mort, je suis mort !
Mais, sans esprit, faut-il mettre en avant
De gais couplets qu’on répète en buvant,
Je suis vivant, bien vivant, très-vivant !
Suis-je au sermon d’un bigot qui m’endort,
Priez pour moi : je suis mort, je suis mort !
Que l’amitié réclame un cœur fervent,
Que dans la cave elle fonde un couvent,
Je suis vivant, bien vivant, très-vivant !
Monseigneur entre, et la liberté sort,
Priez pour moi : je suis mort, je suis mort !
Mais que Thémire, à table nous trouvant,
Avec l’aï s’égaie en arrivant,
Je suis vivant, bien vivant, très-vivant !
Faut-il sans boire abandonner ce bord,
Priez pour moi : je suis mort, je suis mort !
Mais pour m’y voir jeter l’ancre souvent,
Le verre en main, quand j’implore un bon vent,
Je suis vivant, bien vivant, très-vivant !