< Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 2.pdf
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Le monde a changé d’oracles ;
« Nos prodiges ont cessé.
  « L’homme fait les miracles ;
  « Notre règne est passé.

« Nous donnâmes à la Grèce
« Ces dieux créés pour les sens,
« Dont l’éternelle jeunesse
« Vivait de fleurs et d’encens.
« Dans la Gaule encor sauvage
« Pour nous le sang fut versé.
  « Hélas ! même au village
  « Notre règne est passé.

« On nous vit, sous vos trophées,
« Paladins et troubadours,
« Enchaîner aux pieds des fées
« Les rois, les saints, les Amours.
« La magie à notre empire
« Soumit le ciel courroucé,
  « Des sorciers j’entends rire ;
  « Notre règne est passé.

« La Raison nous exorcise ;
« Esprits, fuyons sans retour. »
La voix se tait… Ô surprise !
J’ai cru voir crouler la tour.
De leur retraite chérie
Tous ont fui d’un vol pressé.
  Au loin la voix s’écrie :
  Notre règne est passé.

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.