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Chez de joyeuses filles,
Jean, qui loge à l’étroit
  Sous le toit,
Pèlerin sans coquilles,
Se fait dieu pour payer
  Son loyer.

  Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
  Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Quel pauvre dieu, bon Dieu !
  Quel pauvre dieu,
  Quel pauvre dieu,
Né dans un mauvais lieu !

Jean, quelque temps prophète,
Dit : « Le traiteur en moi
  « N’a plus foi.
« Gratis pour qu’on me fête,
« Je sors de mon cerveau
  « Dieu nouveau. »

  Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
  Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Quel pauvre dieu, bon Dieu !
  Quel pauvre dieu,
  Quel pauvre dieu,
Né dans un mauvais lieu !

« Respectons pour l’exemple
« Les dieux plus ou moins nés
  « Mes aînés,
« Tributs, autel et temple,
« Sont un assez bon lot
  « De culot. »

  Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
  Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Quel pauvre dieu, bon Dieu !
  Quel pauvre dieu,
  Quel pauvre dieu,
Né dans un mauvais lieu !

« Pour le salut de l’âme
« Comme on n’a que trop fait
  « Sans effet,
« Des corps je me proclame
« Par goût et par ferveur
  « Le sauveur. »

  Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
  Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Quel pauvre dieu, bon Dieu !
  Quel pauvre dieu,
  Quel pauvre dieu,
Né dans un mauvais lieu !

« Le paradis, vieux conte,
« Je le mets sous ta main,
  « Genre humain,
« De la terre, à mon compte,
« Je referai soudain
  « Un Éden. »

  Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
  Ah ! bon Dieu ! quel dieu !
Quel pauvre dieu, bon Dieu !
  Quel pauvre dieu,
  Quel pauvre dieu,
Né dans un mauvais lieu !

« Femmes, trêve au martyre !
« Supprimons à tout prix
  « Les maris.
« Au sort je veux qu’on tire,
« Pour vos poupons en tas,
  « Des papas. »

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