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LE PREMIER PAPILLON
Air:
Toi, le premier que je vois, Salut, papillon des bois!
Gai papillon, quelles nouvelles Nous apportes-tu sur tes ailes?
Aux affligés promets-tu le printemps, Cet ami que pour eux j’attends? LE PAPILLON. Au feu du ciel tout se rallume. Vieillard, regarde: il resplendit. Déjà chaque bourgeon verdit Et partout l’herbe se parfume.
Toi, le premier que je vois, Salut, papillon des bois!
Gai papillon, quelles nouvelles? Combien tardent les hirondelles!
Leurs cris de joie, en revoyant leurs nids, Diraient: Espérance aux bannis! LE PAPILLON. Ces messagères que l’on guette Vont arriver; et, ce matin, J’écoutais un écho lointain Répéter un chant de fauvette.
Toi, le premier que je vois, Salut, papillon des bois!
Gai papillon, quelles nouvelles? Les fleurs encore éclôront-elles?
Les verrons-nous émailler le gazon De la tombe et de la prison? LE PAPILLON. Aux papillons comme aux fillettes, Oui, des fleurs vont s’offrir d’abord. Vois-tu, sous le feuillage mort, Briller l’œil bleu des violettes?
Toi, le premier que je vois, Salut, papillon des bois!
Gai papillon, quelles nouvelles? Aurons-nous assez de javelles
Pour tant de faims dont le cri vient d’en bas Troubler le riche à ses repas? LE PAPILLON. À peine le réveil commence. J’ignore, en vos champs assoupis, Combien Dieu bénira d’épis; Mais j’entends germer la semence.
Toi, le premier que je vois, Salut, papillon des bois!
Gai papillon, quelles nouvelles? Quand de l’ange aurons-nous les ailes,