< Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu
Cette page a été validée par deux contributeurs.
375
DES SCIENCES, L. II. CH. XIII.

et trompeuse de la lune. Que le monde se suffise à lui-même, et ait tout ce qu’il lui faut, c’est ce qu’indique la fable, en disant qu’il n’engendre point. En effet, le monde engendre par parties : mais comment par son tout pourroit-il engendrer ; vu que, hors de lui, il n’est point de corps[1] ?

Quant à cette femmelette, à cette Jambé, fille putative de Pan, c’est une addition fort judicieuse à la fable. Elle représente toutes ces doctrines babillardes sur la nature des choses, qui vont errant çà et là dans tous les temps : doctrines infructueuses en elles-mêmes, qui sont comme autant d’enfans supposés ; agréables quelquefois par leur babil, mais quelquefois aussi importunes et fatigantes.

  1. Il engendre par son accouplement avec le Verbe divin, selon les uns ; avec l’amour, selon les autres ; ou selon d’autres encore, avec l’esprit. Milton nous représente le Saint Esprit sons la forme d’un pigeon couvant un gros œuf qui renfermoit le monde entier, et dont il devoit éclorre.
Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.