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de l’esprit, et qui la subjuguent, ont un tout autre pouvoir sur la multitude, que ceux qui se rapportent à sa partie sage. L’audace est dans l’exécution, ce l’action oratoire est dans le simple discours : elle a, dans les relations civiles et politiques, une influence et des effets qui tiennent du prodige. Quel est le plus puissant instrument dans les affaires, peut-on dire aussi ? — L’audace. — Quel est le second ? — L’audace. — Et le troisième ? — L’audace encore. Cependant l’audace, fille de l’ignorance et de la sottise, est réellement bien au dessous des vrais talens : mais elle entraîne, elle subjugue et ensorcelle, pour ainsi dire, les hommes sans jugement ou sans courage, qui forment le plus grand nombre. Quelquefois aussi elle subjugue les sages mêmes, dans leurs momens de foiblesse et d’irrésolution[1]. Aussi fait-elle des mira-

  1. Les fous entraînent la multitude qui ensuite entraîne les sages, obligés alors de se prêter à la
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